Publié le 10/06/2012
Arrivés exténués au rendez-vous de CHUCCILAN, Nicolass et sa camionnette sont bien là; sauf que le véhicule est déjà bondé d'indigènes.
Gentiment Nicolass laisse la place dans la cabine à Maria et lui, rejoint les passagers sur la plate forme arrière.
C'est aussi, là que je vais voyager.
Je grimpe par la ridelle et me voici avec plus d'une douzaine de personnes, hommes et femmes sans compter les enfants assis sur le plancher entre les pieds des adultes et les bébés dont chaque femme en a un dans son dos, soit au moins six femmes, bien entendu tous indigène.
A l’abri de la cabine un petit banc sur lequel sont assises deux femmes avec bébés aux bras.
Comme tous les autres passagers, je suis debout entassé avec les autres. Je ne suis pas mal accueillis, ni bien, d’ailleurs... On m'ignore tout simplement. On parle en quichua et bien sur je ne pige rien. J'arrive à me faufiler sur le bord droit afin de m'accrocher à une ridelle.
C'est parti, le fils à nicolass au volant, Maria dans la cabine, son père à l'arrière avec le bétail. Pardon pour la comparaison mais quand on voi tous ces gens entassés, y compris les femmes avec bébés aux bras (Plus dans le dos, sans doutes par sécurité) en plein vent dans une camionnette lancée sur une piste de terre truffée d'ornières énormes que le chauffeur tente d'éviter au mieux en zigzagant, usant du frein autant que possible... Comment ne pas se considérer comme du bétail.
Pour moi c'est un voyage occasionnel, pour eux, c'est leur quotidien. Ça fait réfléchir.
Bien entendu, je me garde de sortir mon appareil photo bien rangé.
Partis depuis à peine quelques minutes, secoués comme pas possible, voila qu'un bébé se met à hurler. Apparemment, il a faim. La jeune maman, impossible de donner un age à ces gens, mais c'est sur, elle, est très jeune, se faufile comme elle peut et s'assoie sur le banc ou les deux femmes assises lui laissent une petite place, assise, elle dégage son sein discrètement et allaite son petit. Je n'aurai jamais imaginé cette scène dans ce contexte.
Mais voila qu'il ne se passe pas deux minute qu'un autre bébé, juste face à moi se met à hurler.
La maman est debout et plus de place assises, voila que calée au mieux, en plein vent et toujours secoués, qu'elle entreprend d'allaiter le bébé, recouvrant pudiquement seins et bébé de son challe.
On continue d'avancer quand un coup de frein nous bouscule, mamans et bébés avec. Sur la piste, un énorme arbre en travers, que des hommes et femmes étaient déjà en train de débiter.
Impossible de passer, la montagne à droite et le ravin à gauche. Il ne reste plus qu'à attendre que la piste soit dégagée. Pendant ce temps, les bébés tètent sagement.
Je me décide à sortir mon appareil photos et saisir quelques images du chantier. J'arrive à prendre discrètement quelques images des passagers, mais par respect pour les indigènes je ne les diffuserait pas sur internet. Cela restera un souvenir personnel.
En face, un car est bien sur également bloqué. Une touriste occidentale en descend, prend des photos et voila qu'elle entreprend d'aider à dégager la piste en la débarrassant de quelques brindilles.
Énorme éclat de rire et commentaires en quichua de mes compagnons de camionnette. C'est franchement ridicule. Pour en rajouter, ne fois le gros tronc débité elle se met à sautiller applaudir en poussant de grand "hou, hou". Bon, après vingt minute d'arrêt, le second bébé a fini de téter, le premier est encore accroché à sa jeune maman, un passage est dégagé on va pouvoir repartir... Sauf qu'en face, il y a le car qui occupe la piste. Le chauffeur manœuvre et se rapproche au plus près du ravin. Notre chauffeur serre à droite autant qu'il peu et ça finit par passer.
C'est reparti, nous revoici trimballés sur la piste défoncée, pendant que bébé tête encore.
Le paysage est fantastique, des montagnes, des ravins, des vallée... Nous sommes bien dans la Cordillère des Andes.
Quelques kilomètres de piste et voila que l'on s'arrête pour laisser descendre quelques voyageurs. Aucune maison en vue, mais ils doivent habiter quelque part par la, dans la montagne.
Au fil des kilomètres la camionnette se vide. Les avant derniers à descendre seront la très jeune maman, son aussi jeune mari et le bébé qui ne sera même pas décroché du sein pendant la manœuvre acrobatique de descente. Ils s'engagent sur un sentier, sans doutes vers leur demeure.
Le voyage continue. Nous entrons dans une zone de travaux qui transformera un jour cette piste en une route carrossable. En attendant notre chauffeur se faufile comme il peux entre les obstacles.
Gaby nous avait bien dit que le gouvernement actuel de l’Équateur avait lancé un programme titanesque de construction de routes, ce que les gouvernements précédents avaient oublié de faire !
Après 21 km de piste poussiéreuse,après que les derniers indigènes soient descendus on retrouve enfin l'asphalte et la vitesse, pour les douze kilomètres restants.
On arrive à Zumbahua, le chauffeur nous dépose à la porte de notre hôtel.
Une sacré journée. Randonnée épuisante et voyage extraordinaire de 32 km en camionnette.